Forêt et granulé en France, un lien sain à apprivoiser

Le granulé de bois est en effet fabriqué avec du bois. Pour fabriquer un granulé, on utilise des coproduits de bois qui sont séchés et broyés ce qui en fait un combustible sec, naturel et homogène. Ce combustible 3.0 est naturel et local. 

La filière du chauffage au granulé de bois français aime à rappeler que le granulé provient en effet du bois et 100% de la matière première est une valorisation de sous-produits qui ne serait que faiblement valorisée autrement. Ces sous-produits sont de la sciure ou des copeaux de la transformation du bois et aussi, en quantités plus modestes, le fruit de coupes d’éclaircie ou de coupes sanitaires (rases ou non). Ces coupes permettent notamment aux jeunes arbres d’obtenir davantage de lumière pour grandir. Elles assurent une sylviculture plus dynamique et assurent la régénérescence des arbres afin qu’ils captent plus de carbone.

Dans tous les cas, ces matières premières sont issues d’une activité dont la finalité première n’est pas la production de granulé.

Les doutes des consommateurs quant à la gestion de la forêt.

Les Français aiment leur forêt et ils craignent qu’elle soit en danger. Ils peuvent avoir des doutes légitimes car les médias tendent à animer le débat. La réalité est pourtant tout autre.

La surface forestière a doublé en France depuis 200 ans. Entre 1985 et 2019, période où le bois-énergie s’est fortement développé, le volume de bois en forêt a augmenté de 50 %. Et aujourd’hui on ne prélève que la moitié de l’accroissement naturel.

Aujourd’hui la forêt française, c’est 130 espèces d’arbres différents et c’est une forêt très diversifiée. Une forêt mono-essence serait plus fragilisée en termes de biodiversité. Ce n’est d’ailleurs pas préconisé par les plans de gestion forestière.

Pour conclure, la forêt française se porte bien, le granulé valorise une matière première qui arrive en bout de chaîne, ce qui explique le succès de cette énergie locale et renouvelable.  Néanmoins l’énergie « granulé » n’a absolument pas pour ambition de chauffer toute la France ! Aucune énergie ne peut prétendre à cela et seul le mix énergétique peut répondre aux objectifs de la transition énergétique.

Compte-rendu de la Table-ronde de la journée Bois-Energie : La ressource est là, et la filière bois-énergie reste attentive à sa gestion

Les participants à la table ronde « Ressources » s’accordent à dire que « les objectifs que s’est fixée la France en termes de production de chaleur renouvelable à partir de biomasse sont ambitieux (augmentation entre 30 et 40 % d’ici 2028). Ils sont basés sur des études de disponibilités de la ressource qui permettent de s’assurer que les prélèvements restent en dessous de l’accroissement naturel de la forêt. » (Émilie Machefaux, ADEME), mais que « les disparités régionales sont importantes, dues à une couverture forestière hétérogène sur le territoire. Les objectifs ne sont pas atteignables dans toutes les régions de la même façon. Il faut aussi raisonner localement. » (Nathalie Korboulewsky, INRAE). Il est également important de rappeler que « le bois-énergie est un sous-produit de la forêt, qu’on ne plante pas de forêts pour faire du bois de chauffage.

L’exploitation forestière cible le bois d’œuvre. Dans les petites propriétés privées, le bois-énergie rentabilise l’exploitation forestière. Il garantit la pérennité de la ressource sur le long terme » (Éric Boittin, Experts Forestiers de France). C’est ce qui conduit les participants à insister à la fois sur l’importance de la gestion durable des forêts dans « le contexte d’incertitude (sécheresses, insectes…) qui pèse sur le rôle des forêts dans l’atténuation du changement climatique » (Sarah Khatib, FNE) et, d’autre part, sur le fait « qu’ il faut aussi aller chercher d’autres gisements, des sous-produits de l’industrie/agricoles, plus le bois déchet pour alimenter les chaufferies bois » (Émilie Machefaux, ADEME).

https://youtu.be/qWpCMt-5UeM?list=PLYurxoA8yRbFjWzjYRwzeT9gqA1eBlnNm

Avec la participation de : Éric BOITTIN, Expert forestier des Experts Forestiers Français, Michel DRUILHE, Président de France Bois Forêt, Sarah KHATIB, Chargée de mission au réseau Forêt de France Nature Environnement, Nathalie KORBOULEWSKY, Directrice de Recherche à l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement. Émilie MACHEFAUX, Cheffe du service Forêt, Alimentation et Bioéconomie à l’Ademe.

CHIFFRES CLÉS

Forêt

Depuis 1985, la forêt française s’accroît de façon naturelle de 90 000 hectares chaque année, soit 3,5 fois la forêt de Fontainebleau

En France seulement 50% de l’accroissement forestier est récolté chaque année

Bois-énergie

1 m3 de bois d’œuvre génère 1 à 2 m3 de sous-produits valorisés en bois-énergie

1 000 tonnes de bois-énergie = 1 emploi (52 800 emplois directs et indirects dans la filière bois-énergie)
100% des granulés sont fabriqués à partir de coproduits de la forêt

Décarbonation

1 m3 de bois utilisé pour la production de chaleur dans l’industrie et le secteur collectif en substitution d’énergies fossiles permet d’éviter environ 0,5 t de CO2