Le granulé, sous les feux de la rampe

On n’aura jamais autant entendu parler du granulé de bois ! Encore petit dans le monde des énergies, le « granulé » grandit d’un coup et prend quelques « tacles » au passage. Retour sur son développement. 

Les débuts du granulé 

L’énergie « granulé de bois » est bien plus jeune que les autres énergies, même si le feu pour différents usages dont celui de se chauffer à plus de 450 000 ans d’âge ! Les énergies fossiles sont vieilles d’environ 200 ans, tandis que l’énergie nucléaire aurait environ 80 ans. 

Le « granulé » est né aux Etats – Unis dans les années 70 après le choc pétrolier. Dans ce contexte de crise, les industriels américains cherchaient une solution : trouver un combustible disponible à moindre coût. L’idée de compacter et revaloriser des « déchets » de bois fait surface.

En 1983, le premier poêle à granulé voit le jour, si bien que dans les années 1980, le granulé de bois devient une source d’énergie prisée et recommandée aux Etats-Unis.  

Puis c’est au Nord de l’Europe que l’activité se développe : en Suède, pays avant-gardiste sur les questions écologiques puis en Autriche, pays proche de la forêt et du bois. 

… en France dans les années 2000

Le chauffage au granulé de bois en France fêterait plus ou moins sa trentaine ! 

C’est d’abord dans le collectif que le granulé de bois a été utilisé. En Lozère, dans le Doubs ou en Isère par exemple, des bâtiments de logements collectifs, des hôpitaux… ont été équipés. À l’époque, peu automatisés et demandant un suivi important, ces produits n’ont pas eu le temps de se perfectionner. Après le contre choc pétrolier, la majorité des projets ont été abandonnés et les chaudières ont été réalimentées en combustible fossile. 

A partir des années 2000, le marché du domestique se développe. Les progrès techniques sur les appareils progressent rapidement : confort d’utilisation, sécurité, performance. Les chaudières sont alors principalement installées dans le domestique, en remplacement de chaudières fioul ; elles sont en général de petite puissance, inférieure à 50 kW. Le poêle se développe également la plupart du temps en complément d’un chauffage principale.

Aujourd’hui, le marché du domestique (poêles et chaudières) représente 95 %. Et, la consommation cumulée de granulé pour le secteur collectif et industriel, s’élève à 70 000 t/an (hors CPCU), soit 5 % de la consommation de granulé de bois en France !

Performance des appareils, des progrès de haute voltige

40 ans de recherche et de développement depuis les premiers appareils ont permis des améliorations très significatives : des appareils toujours plus performants : jusqu’à +107% de rendement pour certaines chaudières, des systèmes qui combinent chaleur solaire et granulé de bois, contrôle à distance depuis un smartphone, des silos plus petits qui s’adaptent aux différents espaces, des poêles à granulé silencieux, hydrauliques ou hybrides. 

Les « précurseurs » !

Au début des années 2000, ce sont surtout des précurseurs, portés par des motivations écologiques qui se lancent dans l’achat de ce type d’équipement. Le bois est un mode de chauffage naturel, une énergie locale, peu émetteur de CO2. 

A l’époque, cela représente un effort financier important. Ce sont des équipements beaucoup plus sophistiqués que les autres chaudières car le combustible est solide (à la différence du gaz, de l’électricité ou même du fioul) et ils sont fabriqués en moins grande quantité. De plus, les appareils aux granulés ne bénéficient pas d’aides. 

Tous les pays d’Europe ne sont pas au même stade de développement. En Italie, le chauffage au granulé de bois est très développé. Ne disposant pas de l’énergie nucléaire, ils restent aujourd’hui les plus gros consommateurs d’Europe et sont les leaders de la production de poêles à granulé. Les autrichiens, disposant d’une forte culture bois sont en avance sur le segment des chaudières et sont actuellement leaders sur ce marché.  

En 2005, la production de granulé de bois en France est de 30 000 tonnes

Structuration de la filière en France 

La filière du chauffage au granulé de bois bénéficie encore d’une notoriété assez faible. Propellet, l’association nationale du chauffage au granulé de bois est née en 2008. Une de ses premières préoccupations est de rassembler les différents métiers pour créer une filière pérenne. Les pionniers se sont surtout engagés pour travailler en bonne intelligence. Ils ont à cœur de développer une filière durable et de qualité. 

En 2010, la filière souhaite communiquer et se positionner au niveau politique. Le premier colloque du chauffage au granulé de bois est organisé. Propellet crée et diffuse un outil très précieux : l’indice des prix des énergies pour montrer la pertinence économique du granulé de bois. 

Evolution de la réglementation et de la certification du granulé 

Le label Flamme verte est lancé en 2010 par les fabricants d’appareils, ils visent à promouvoir les appareils les plus vertueux et performants d’un point de vue énergétique et environnemental. 

Les trois certifications du granulé DINplus, NF Biocombustibles solides et ENplus arrivent aussi sur le marché au début des années 2010 et évoluent avec la norme européenne (EN 14961-2) qui devient internationale en 2014 (ISO 17225-2).  

Notoriété à développer …

En 2010, les consommateurs connaissent encore peu le granulé ou « pellet », parfois appelé « granule ». Pendant longtemps les consommateurs pensent qu’il faut recharger manuellement les appareils. Si c’est vrai pour le poêle, ce n’est pas le cas de la chaudière qui fonctionne de façon autonome grâce à son réservoir (silo).

Propellet mènent essentiellement des actions auprès des professionnels, des prescripteurs et de la presse. Les médias qui suivent l’évolution de la filière du chauffage au granulé de bois sont surtout la presse professionnelle et la presse maison. 

Alors que le prix du fioul augmente, un article du Monde fait exception en mai 2012 avec un titre audacieux « Le granulé fait la nique au pétrole » 

En effet, le prix du granulé reste stable et comme il s’agit d’une énergie locale, non impactée par le prix du pétrole, c’est rassurant pour le consommateur. 

Une filière en croissance continue 

La filière ne cesse de progresser. Face aux objectifs ambitieux de diminution des émissions de carbone, l’évolution des aides (CIDD puis CITE à 30%) joue un impact significatif sur le volume des ventes d’appareils. 

Les médias professionnels se font le relais de ce développement : « La flambée des granulés de bois » « Granulés, superstars » « Poêles à granulés … Fulgurante ascension », « Le granulé de bois séduit », « Le pellet est l’énergie d’avenir » … Selon les années, ce sont entre 30 à 40 articles dans les médias professionnels ou la presse « maison », mais la presse généraliste reste encore frileuse. 

En 2013, la hausse surprend presque la filière qui s’organise, se structure et se professionnalise davantage. De plus en plus de distributeurs couvrent le territoire français. En 2014, la production de granulé de bois atteint les 1 million de tonnes.  

En 2015, en vue des élections présidentielles, Propellet publie un « Livre vert » pour demander que les aides soient réservées aux énergies renouvelables exclusivement et non aux énergies fossiles comme c’est le cas. Comme un support média l’a titré : « Granulés VS énergies fossiles : le combat n’est pas équitable ». 

En 2017, ce sont plus de 800 000 foyers qui ont fait le choix du granulé de bois.
Propellet se lance dans la communication auprès du grand public avec un site dédié : www.sechaufferaugranule.fr. Les moyens financiers de l’association sont limités pour se hisser au rang des énergies traditionnelles connues et reconnues depuis presque 200 ans ! 

Les appareils poursuivent leurs évolutions : Les poêles peuvent chauffer jusqu’à 100m2 dans des maisons bien isolées et les chaudières proposent des produits hybrides (à recharger manuellement).

Le chauffage au granulé de bois se démocratise. Le gouvernement souhaite accélérer la transition énergétique, et en 2019, le CITE fait la place aux appareils au granulé et notamment aux chaudières. L’effet est immédiat les ventes des chaudières s’envolent. 

Les chiffres décollent encore plus avec le dispositif MaPrimRenov et la prise de conscience plus forte des consommateurs, accentué par la crise du COVID. En effet, les consommateurs s’interrogent sur leurs choix de consommation. Ils veulent faire des économies mais ils veulent le faire intelligemment.

Le granulé sous les feux de la rampe 

Alors que la filière du granulé poursuit sa croissance en France depuis 20 ans, presque silencieusement, c’est aujourd’hui qu’elle connait son plus grand succès à son avantage mais aussi à ses dépens. 

Depuis le mois de septembre, suite à la reprise économique, post covid tirée par la Chine le contexte énergétique est à l’affolement. Le prix du gaz et de l’électricité a augmenté brutalement, les consommateurs se tournent alors vers une énergie locale, dont le prix est maitrisé. 

Les médias généralistes présentent aujourd’hui le « petit granulé » (remplie d’énergie) comme la solution. Pour la première fois de sa vie, le granulé gagne en célébrité. 

Victime de son succès

Néanmoins, certains médias attaquent la filière : déforestation, coupes rases et qualité de l’air sont des refrains assez récurrents. 

La confusion est compréhensible. Plusieurs sources de trouble sont possibles. Mais c’est une opportunité pour la filière du chauffage au granulé de bois de répondre. 

Premièrement, sur le sujet de la qualité de l’air. Oui la combustion du bois génère des émissions de particules. En revanche 82 % des émissions proviennent d’appareils anciens ou de foyers ouverts d’où la nécessité de renouveler le parc des appareils. Les émissions sont très faibles dans les nouveaux appareils à granulé car le combustible est dense et homogène et l’appareil automatique permet une combustion très optimisée. 

Deuxièmement, sur le sujet de la forêt. La déforestation existe bel et bien dans certaines zones du monde, elle est un problème majeur à ne minimiser d’aucune manière. En France, non seulement la forêt est gérée durablement mais 100% des granulés sont produits à partir des coproduits de la forêt. 

Propellet répond au travers d’un argumentaire « Vrai – Faux » aux grandes questions que peuvent se poser les consommateurs : La forêt est-elle en danger ? Utilise-t-on des granulés pour faire de l’électricité ? Fait-on des coupes rases pour fabriquer du granulé ? Le bilan carbone est-il neutre ? 

Pour conclure 

Aujourd’hui, la France produit 1,7 millions de tonnes et devrait en produire 1 million de plus d’ici 2023. Rappelons qu’elle est sur un modèle d’auto-suffisance.

Le granulé de bois est une énergie high-tech provenant d’une matière naturelle et accessible : le bois. Ce combustible très énergétique combiné à des appareils ultra performants (dans des espaces de vie qui sont chauffés avec moins d’énergie), permet d’offrir aux consommateurs un mode de chauffage durable et efficace.