La RE 2020, impact sur la filière du chauffage au granulé de bois

La RE2020 joue un rôle déterminant dans la transition énergétique puisque le secteur du bâtiment représente 44 % de la consommation d’énergie et près de 25 % des émissions de CO2.

En outre, un quart des logements dans lesquels nous vivrons en 2050 ne sont pas encore construits. Ces nouveaux bâtiments, en plus d’être performants et sobres, devront assurer un confort maximal pour leurs occupants.

Ce sont les bases de la RE2020 mais quelles sont les implications pour la filière du chauffage au granulé de bois ?

La RE2020 s’appuie sur 3 leviers :

  • Sobriété énergétique et décarbonation de l’énergie

  • Construction bas carbone

  • Confort d’été

Ce sont les deux premiers leviers qui vont le plus impacter notre filière.

Sobriété énergétique et décarbonation de l’énergie

La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas. En partant de ce principe, la RE2020 muscle l’exigence en matière d’efficacité énergétique du bâti : coefficient Bbio sur le besoin climatique ou énergétique des bâtiments (chauffage, rafraichissement et éclairage). Avec la nouvelle réglementation, le Bbio voit son seuil maximal abaissé de 30 % pour tous les logements individuels et collectifs, et ce, dès l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation. Ce qui implique de renforcer la conception bioclimatique (orientation, apports solaires passifs, logement traversant ou non, etc.) et l’isolation des bâtiments, quel que soit le mode de chauffage retenu.

En diminuant les besoins en énergie des bâtiments, cette mesure va entraîner une évolution à la baisse des puissances des appareils à granulé (en particulier les chaudières) et aussi une diminution des volumes de granulé consommés par les ménages.

C’est en matière d’énergie que la RE2020 aura et a déjà naturellement le plus d’impact sur notre filière.

L’objectif est de se passer définitivement des énergies fossiles dans les bâtiments neufs et développer le recours aux énergies les moins carbonées possibles pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire. D’où la généralisation des solutions dites plus vertueuses, comme les pompes à chaleur, les appareils au bois, les réseaux de chaleur urbains peu émetteurs de gaz à effet de serre, les panneaux solaires thermiques et la géothermie.

Ce qui change avec la RE2020, c’est la mise en place d’un seuil maximal d’émissions de gaz à effet de serre pour un bâtiment avec, par exemple, la création d’un « Cep-nr » : Consommation d’énergie primaire non renouvelable. Parallèlement le recours à des PAC, bois et autres énergies renouvelables est encouragé.

Les chaudières gaz qui, bien que n’étant pas interdite dans la RE2020, sont fortement pénalisées et donc peu rentables par rapport aux autres solutions bas carbone évoquées.

Construction bas carbone : objectif neutralité carbone

La nouveauté est la prise en compte de l’impact carbone sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, y compris ses phases de construction et de démolition ; 65 à 85 % de l’impact carbone d’un bâtiment étant imputables aux produits de construction, aux équipements et au chantier.

Les matériaux décarbonés, recyclés ou biosourcés deviennent la norme pour la construction.

Le meilleur des matériaux biosourcés est naturellement le bois, son utilisation dans la construction va fortement progresser. L’effet direct sur notre filière sera l’augmentation significatives des volumes de coproduits de l’industrie du bois ; la matière première pour fabriquer des granulés. Pour mémoire, lorsqu’un tronc entre dans une scierie, environ la moitié est utilisée en bois d’œuvre, l’autre moitié (scieures, chutes de coupes, écorces) alimentent la filière bois énergie et en particulier la production de granulé.

Confort d’été : architecture bioclimatique

Cette notion permet de prendre en compte les effets du changement climatique sur les bâtiments et notamment l’évolution des températures à venir, les vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses et plus longues. Les scénarios météorologiques ont été mis à jour pour intégrer des séquences caniculaires. Ainsi, la RE2020 prend en compte la surconsommation d’énergie (climatisation) à venir pour refroidir les bâtiments.

Cet axe de la RE2020 n’a pas un grand impact sur notre filière du chauffage au granulé si ce n’est à la baisse sur les ventes d’appareils en donnant des arguments discutables aux vendeurs de pompes à chaleur réversibles.

L’ensemble des exigences de la RE2020 fait l’objet d’une montée en puissance chronologique progressive : mise en route décalée selon les marchés (individuel, collectif, industriel …) et évolutions successives en 2025, 2028 et 2031.

Pour plus d’informations :
https://www.architectes.org/sites/default/files/atoms/files/4_cahiers_groupes_0.pdf

NB : certaines dates de mise en œuvre indiquées dans cet article ont pu changer depuis sa rédaction.