Comprendre la tension sur le granulé de bois

Les médias attisent le feu …

Certains médias s’agitent et affolent les consommateurs dont le premier réflexe est de surstocker. Les titres, souvent anxiogènes comme par exemple : « Après la flambée des prix, allons-nous vers une pénurie de granulés de bois cet hiver ? », génèrent des tensions sur de la tension.

Le mot « pénurie » est utilisé régulièrement alors que les usines françaises de granulé produisent 200 000 tonnes de granulé et qu’on importe 35 000 tonnes par mois. Rappelons que la fabrication de granulé se fait en continu et que la matière première, les coproduits de bois, se trouvent en moyenne à moins de 100 kilomètres des usines de granulation.

Les raisons de la tension

Depuis 2020, l’actualité a été particulièrement imprévisible et brutale (COVID, crise énergétique et Guerre en Ukraine), et les conséquences sont multiples sur un grand nombre de secteur d’activité comme le secteur médical ou énergétique …

La crise énergétique conduit les ménages à se détourner massivement des énergies traditionnelles polluantes et de plus en plus coûteuses. C’est une bonne nouvelle ! La motivation des consommateurs reste certes plus économique qu’écologique, mais elle permet, d’une part, aux ménages de dépenser moins et d’autre part elle permet à la collectivité de se rapprocher des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La demande en chauffage au granulé a connu une croissance fulgurante grâce aux aides du gouvernement, notamment MaPrimerénov et à l’interdiction de renouvellement des appareils au fioul depuis du 1er juillet. En outre, les appareils au granulé sont proches de ceux au fioul en matière d’installation puisqu’ils apportent le même service aux clients (eau chaude sanitaire). Entre 2020 et 2021, les ventes de poêles à granulé ont augmenté de 41% et les ventes de chaudières à granulé de 120%, avec respectivement 180 000 et 32 000 pièces.

La filière se réjouit de ces chiffres très positifs, puisque le granulé de bois est une énergie renouvelable qui fait partie intégrante du mix énergétique nécessaire pour diminuer les émissions de CO2 et lutter contre le réchauffement climatique.

Face à cette forte demande précoce et à un contexte international compliqué, l‘offre peine à suivre. L’offre et la demande sont donc en décalage, malgré une production de granulé en continu et la forte ambition de répondre aux besoins des consommateurs.

La filière du chauffage au granulé de bois est certes jeune, mais elle est solide et possède une vision à long terme comme le montre son rythme de développement. Grâce à l’extension de certaines lignes de production et la construction de nouvelles usines de granulation, la filière prévoit 1 million de tonnes supplémentaires réparties entre 2022 et 2024 et un doublement de la capacité de production d’ici 2028.

En attendant, et pouvoir répondre favorablement aux besoins des ménages qui souhaitent faire le choix d’un appareil au granulé, les producteurs ou distributeurs font le choix d’importer ponctuellement. Avec 1,8 million de tonnes de production nationale de granulé en 2021, la filière française reste généralement peu dépendante des importations (16 % en 2021).

Or, l’Europe connait actuellement des tensions car certains pays (Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Danemark), face au prix élevé du gaz, intensifient l’usage de centrales électriques au granulé. Les quantités requises dans le secteur industriel sont plus importantes (17 millions de tonnes sur 35 millions de tonnes de consommation en Europe) que dans le secteur domestique et proviennent généralement d’Amérique du Nord ou de Russie.

D’autres pays d’Europe comme l’Italie, par exemple, qui ne dispose pas de l’énergie nucléaire sont également très en demande car le granulé est très développé sur le marché du chauffage (le pays ne produit que 13% de sa consommation, alors que la France est dans un modèle presqu’autosuffisant).

Par conséquent, la solution de l’import est ralentie. Qui plus est, des particuliers réalisent dès à présent des achats prudentiels précoces de granulé voire surstockent par peur de manquer, et la situation semble s’aggraver au rythme des titres de journaux qui crée de l’inquiétude.

Ralentir le rythme

Face à cet afflux de demandes, les distributeurs de granulé font le choix de réguler pour éviter de se retrouver dans une situation trop critique cet hiver.

La tension est générale sur les énergies

La Première ministre, Élisabeth Borne, a demandé de tout faire pour « baisser nos consommations » d’énergie afin d’éviter « d’arriver à des situations où on devrait avoir des coupures ». « On ne va pas couper le gaz chez les ménages français, mais c’est sur nos entreprises, les gros consommateurs, qu’il pourrait y avoir des coupures », a-t-elle précisé. Et elle a reconnu que « s’il fait très froid » cet hiver, il pourrait y avoir un problème d’approvisionnement en électricité obligeant à réaliser des « délestages tournants ». Il s’agit de couper l’électricité « de façon tournante, par quartier » pendant « moins de deux heures », a-t-elle expliqué. La semaine dernière, Emmanuel Macron avait estimé que la période invitait à « la fin, pour qui en avait, d’une forme d’insouciance ».

Le rôle du consommateur ? Sobriété + bonnes pratiques = moins de consommation

Les particuliers, les entreprises et les collectivités ont un vrai rôle à jouer. Deux actions simples pour les utilisateurs du granulé : baisser de 2°C de la température de consigne de leur chauffage représente 14 % d’économie d’énergie et entretenir son appareil génère un meilleur rendement, ce qui signifie également une moins grande consommation d’énergie.