Le gouvernement est-il en faveur de l’électricité ?

Pour respecter ses engagements dans la lutte contre le changement climatique, réaffirmés dans la loi Energie et Climat, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050. L’un des principaux leviers est d’agir sur les émissions des bâtiments, du secteur résidentiel comme du secteur tertiaire, sachant qu’il représente aujourd’hui un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre.

« RE 2020 », la modification d’un facteur qui donnerait la priorité à l’électricité ?

C’est dans ce cadre que le gouvernement vient d’annoncer une nouvelle étape de la « RE 2020 » (la Réglementation Environnementale) des bâtiments neufs. Quelles sont les priorités de cette réglementation :

-diminuer l’impact des bâtiments neufs sur le climat en prenant en compte l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, dès la construction.
 -poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiment neufs en renforçant l’indicateur « de besoin bioclimatique » (dit « Bbio)
-garantir aux habitants que leur logement sera adapté aux conditions climatiques en introduisant un objectif de confort en été.

L’ensemble des acteurs de la filière (Amorce, CIBE, Propellet, Uniclima, FFB, Fedene, Enerplan …) soutiennent bien sûr cette ambition et l’évolution de la réglementation environnementale grâce à la composante carbone qui constitue le principal enjeu de la transition énergétique.

Néanmoins, les acteurs ont envoyé une lettre ouverte au Premier Ministre pour demander au gouvernement de revoir les calculs du facteur d’énergie primaire et du contenu carbone de l’électricité avec les données existantes les plus récentes.

En effet, dans son communiqué, le gouvernement annonce comme un élément positif la modification de 2 critères :

-Le facteur d’émissions en gaz à effet de serre du chauffage électrique passerait artificiellement d’une valeur actuelle de 210 grammes CO2/kWh à 79 grammes CO2/kWh.
– Le coefficient d’énergie primaire serait ajusté à une projection hypothétique du mix énergétique français en 2030 au lieu de se fonder sur la réalité actuelle.

La modification de ces critères peut sembler anecdotique et technologique, alors qu’elle présente des conséquences concrètes et négatives. En effet, en retenant ces valeurs, le gouvernement favoriserait le chauffage électrique au détriment des autres énergies et en particulier des solutions de chauffage par des énergies renouvelables telles que le bois, la géothermie, le solaire ou le biogaz.  

Lire la lettre ouverte au 1er ministre (AFG, AMORCE, CFPB, CIBE, COENOVE, Énergies et avenir, ENERPLAN, FEDENE, SYNASAV, UMPGCP, UNICLIMA, UPRIGAZ et Via Sèva).

Nouvelle intention du gouvernement concernant les critères du DPE (Diagnostic de Performance Energétique) ?

En outre, le gouvernement revoit également les critères du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) dans un sens toujours plus favorable à « l’électrique ». Il serait en effet question de ne plus considérer dans la base de calcul, l’énergie primaire nécessaire au bâtiment comme c’est le cas aujourd’hui, mais l’énergie finale. Concrètement, il faut plus de 2,5 unités d’énergie primaire pour obtenir une unité d’énergie électrique. Par conséquent l’électricité deviendrait subitement 2,5 fois plus performante énergétiquement par un simple jeu d’écriture.

Le probable résultat sera que certains travaux d’amélioration de performance énergétique ne seront plus engagés car le diagnostic (DPE) sera positif pour le chauffage électrique. Les utilisateurs consommeront autant d’énergies et leur facture continuera de grimper.

Ces mesures questionnent sur l’intention du gouvernement Les acteurs des filières énergétiques réagissent. L’objectif n’est-il pas d’augmenter la part du renouvelable dans le bâtiment en France ?